Couliou par la famille

Hommage

Suivant son regard, sa main s'élève vers la toile encore vierge. Huit heures n'ont pas encore sonné que de faibles rayons de lumière traversent les fenêtres et se posent sur ses pots de peinture vides. Ceux qui sont pleins gravitent dans la paume de sa main, ce sont les quelques mélanges qui ornent sa palette, c'est ce bleu qui a tant de fois décoré les navires amarrés au port et les figures abstraites qui sont siennes, c'est aussi ce rouge dont le feu a été plus éclatant que celui qui a brûlé dans sa cheminée. Ces indénombrables pots vides sont la preuve d'un travail sans cesse.

C'est encore cette main qui se dresse devant la toile. Elle n'a pas faibli. Ce ne sont pas des essais qui l'empêcheront de terminer sa tâche. De multiples esquisses sont avachies là, jetées à terre par le dégoût que lui inspire le travail imparfait.

Alors, le peintre s'élance sur son oeuvre vierge. Il écarte le haut et le bas d'une ligne courbe, noire. Il n'a qu'une image en tête, celle de la nature qu'il a découverte nue le soir précédent, dont il n'a conservé qu'une feuille, une figure dont il fera son art. Il dispose ses couleurs sur l'axe qu'il a dressé, et dessine les formes imparfaites de cette nature parfaite. Bientôt, il ne reste plus sur sa toile que l'art qu'il y a dressé.

Sa main s'abaisse, son regard s'attarde sur un pigment détaché du reste. C'est là son enfant le plus pur, sa création unique toute rassemblée en ce point presque invisible à celui qui n'est pas créateur.

Et c'est là son enchantement.

Patrick 28/12/2018








à suivre

 

















 

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