Couliou par Robert Vrinat
Jean-Yves Couliou est Breton, à 100%.
Il est né à Landerneau en 1916; son père était de Moëlan-sur-Mer, sa mère de Riec-sur-Bélon. Tout jeune, il se passionna pour le dessin, manifestant déjà des tendances qui devaient orienter toute une vie de recherches esthétiques et picturales: attachement au réel, goût de l'expression et de l'utilisation des matières. Après des études secondaires, il est élève de l'École des Beaux-Arts de Rennes puis de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il sera professeur de dessin. La guerre, 5 ans de captivité en Allemagne, de brefs passages en poste à Mont-de-Marsan, à Tulle, l'éloignement de sa patrie bretonne; il y revient en 1949, professeur au lycée de Lorient, qu'il ne quittera plus jusqu'à sa retraite en 1976.Il est aussi fondamentalement peintre que breton; il a pu s'inspirer de Paris, durant ses études, du Sud-Ouest es ses premiers postes, céder à la séduction de Venise, de la Grèce, de l'Italie, du Vénézuela mais c'est la Bretagne, toujours la Bretagne qui est son thème d'élection. Sa vision en est d'une originalité unique; car s'il en ressent le charme artistique si caractéristique, s'il en vit profondément l'âme mystérieuse et mystique, il lui impose, en toute création artistique respectueuse, sa conception de l'art de peindre.
Fidèle à ses premières impulsions d'enfant,
confortées par des expériences personnelles aux Ecoles des Beaux-Arts, développées et enrichies par l'exercice de l'enseignement, il trouve dans le traitement des matières picturales l'élément essentiel de la représentation de la nature et de la mise en valeur de l'expression dans la technique à l'huile. Il redécouvre le réel dans la texture même des objets naturels, butine longuement et amplement dans le domaine des empreintes, et des années durant s'en inspire pour réaliser des oeuvres qui représentent tous les caractères de l'abstraction, et avec quelle richesse, quelle beauté!Il revient alors à une représentation simple et réaliste, mais dans laquelle il fait intervenir tout l'acquis de son expérience: c'est ce qui transcende la description d'un motif. Le jeu des matières superficielles, par leur technique de touche et non par la densité ou l'épaisseur, et cependant par leur présence réelle, suscite une impression de saveur tactile qui va au-delà de l'image, et simultanément intervient comme un puissant facteur d'exécution plastique pour hiérarchiser les valeurs, particulariser les couleurs, distribuer les ombres et les lumières, affermir les contrastes. Ainsi, d'un sujet simple et familier, sinon banal, une plage, une marine, un rocher, une chapelle, un calvaire breton, une maison dans la lande, une fleur ou une nature morte, Couliou crée un tableau, une oeuvre d'art chargée de beauté plastique, réduite à l'essentiel et en même temps d'une rare richesse de signification et de résonances spirituelles.
Dirions-nous que c'est une peinture réaliste?
Certes oui, si l'on veut bien convenir que le réalisme en soi n'apporte qu'une délectation élémentaire, et que pour accéder au niveau de la véritable création artistique, il ne constitue qu'un pallier; et qu'on ne prétende pas le dépasser par des effets faciles, tels que le flou, cerne, expressionnisme artificiel, audaces tonales, etc. ...Les maîtres du passé ont su, lui gardant sa noblesse, en faire la base de styles très divers et éminents par l'originalité et la signification. Ils l'ont fait parce qu'ils étaient grands, dans l'exécution comme dans la pensée, parce qu'ils étaient entraînés par l'amour de la peinture et un sentiment intense de participation à la vie de la nature à travers l'humble motif.
Dans le plein épanouissement de son art,
Couliou possède et domine ces qualités éternellement communes à la vraie et grande peinture. Il en a l'amour, comme celui de la Bretagne. Il a pu, chose rare, édifier un style personnel reposant sur des solides réalités de métier et une grande pénétration spirituelle de la nature. C'est ce que, dans son ample diversité, ...[ ce site] doit offrir aux amateurs, qui seront conscients de l'originalité de cet apport nouveau dans l'univers de l'art. Robert Vrinat